Des milliers d’heures pour donner vie à la bête

19.08.2021

Coïncidence, le tapissier Fritz Müller a également croisé la route d’Olivier Sidler, l’homme du bois. C’est lui qui lui a repris son atelier en 1993. « Je fais de la décoration d’intérieur, de la sculpture et j’ai aussi un espace de « jeu de peindre » (atelier de peinture libre). Et je donne des leçons de tango soit dit en passant. » En quelques mots, le résident de Môtiers a parfaitement révélé qui il est. Quelqu’un de consciencieux, de précis et qui aime prendre le temps de faire les choses bien. Sans toutefois être trop cadré dans ses activités. « J’ai rapidement été focalisé sur la déco et la sculpture. À 18 ans, j’ai choisi de faire un apprentissage plutôt que de suivre une école dans ce domaine. Et j’avais déjà cette envie de travailler le bois. Une envie que je n’ai pas pu assouvir immédiatement et c’est ressorti très énergiquement plus tard. C’est venu il y a quelques années. » C’est en autodidacte qu’il est donc arrivé à la sculpture sur bois. Et je profite de le rappeler, il n’est pas ébéniste ! « De toute manière, on ne peut pas me définir avec un seul mot », argue le Vallonnier de 58 ans.

Olivier Sidler

Et comment est né son lien avec Art en plein air ? « C’est simple, c’est grâce à cette exposition que j’ai atterri ici en 1993. Avant, je travaillais à Neuchâtel et je ne faisais que passer au Vallon lorsque j’allais voir ma maman à Paris. Je ne m’y arrêtais pas. C’est pour voir ces œuvres que je m’y suis arrêté une fois et je ne suis plus reparti. » Celui qui adore sculpter en extérieur ne pouvait pas mieux tomber et c’est finalement presque logique qu’il ait fini par collaborer à une création. Martial Leiter lui a fourni un croquis, il s’est mis au boulot. « L’idée était de créer une mouche ou disons un insecte intégralement en bois et de grande taille (2.20 mètres de long sur 1.80 de large). Je suis parti d’un gros tronc que j’ai entamé à la tronçonneuse. Il faisait six mètres à ce moment encore. » Après deux mois et demi de travail et des milliers d’heures engagées – parfois jusqu’à quinze heures par jour –, le corps et les pattes ont été « brulés », brossés et teintés naturellement pour donner une couleur « noir carbonisé » à la bête. Le résultat final a même bluffé Olivier Sidler lui-même qui s’est « sublimé dans cette réalisation grâce au soutien bienveillant de Pierre-André Delachaux et de toute l’équipe. » Et la matière fut !

Kevin Vaucher / Courrier du Val-de-Travers