Les soigneurs de la forêt: Olivier Favre

19.08.2021

Très occupé mais toujours prêt à aider

Le second homme sans doute prêt à prolonger son tour de garde pour évoquer le bois durant des heures est donc Olivier Favre. Il intervient dans le processus de transformation par le biais de sa menuiserie-ébénisterie installée au Vallon depuis 2001. S’il avoue avoir travaillé quelques années en Suisse alémanique pour se perfectionner, ce Fleurisan pure souche de 47 ans est très attaché à tout ce qui est bien fait et peu commun. « On est cinq dans l’entreprise et on a pour principe de faire tout ce qui est hors catalogue. Les gens trouvent des cuisines, des portes, des fenêtres et ce genre de choses auprès de plusieurs grands constructeurs européens. Nous on fait ce qu’ils ne font pas. » Leur spécialité est d’intervenir sur tout ce qui est monument historique classé et protégé ainsi que sur les produits sur mesure comme des établis d’horloger. Leur dernier coup ? L’obtention du mandat de réfection pour le château de Gorgier. « Avec ça, on a du job assuré pour plusieurs années », rigole ce titulaire d’un brevet et d’une maîtrise. Autrement dit un crack !

Olivier Favre

Et Môtiers Art en plein air là-dedans ? « Cette exposition est aussi quelque chose de rare. C’est mon ami et voisin Thierry Bezzola (membre du comité) qui vient me trouver quand il a besoin de choses qui sortent de l’ordinaire. Il sait que j’ai toujours beaucoup à faire mais que je le fais très volontiers pour ce que représente cette manifestation pour la région. C’est toujours avec plaisir que je donne un coup de main si nécessaire sur le Vallon. » En l’occurrence c’est le créateur Grégory Sugnaux qui en a bénéficié pour son « saloon » intitulé « La More ». Une grosse septantaine d’heures d’investissement au total. « Tout a été fait avec du bois régional, c’est une grande fierté de le dire et c’est quelque chose auquel je tiens beaucoup. Malheureusement, on préfère souvent faire venir du bois d’Europe de l’Est en Suisse car il coûte un peu moins cher. C’est un non-sens total, d’autant plus que l’heure est à l’écologie soi-disant. Mais c’est un autre sujet. » Ne vous avais-je pas dit qu’il pourrait en parler des heures ?

Déchets de bois utilisés en chauffage

Ce cycliste émérite, lorsque son activité le lui permet, est un homme d’action qui aime les choses bien faites, la logique et les convictions. Pas étonnant donc que le rendu de son saloon soit parfait et qu’il ne reste aucun déchet des trois mètres cubes d’épicéa utilisés. « Il faut bien comprendre qu’il y a le volume brut d’un arbre et ce qu’il en reste une fois qu’il a été traité. Il y a une perte d’au moins cinquante pour cent au cours de la transformation du bois. Personnellement, je ne peux pas me résoudre à jeter la moitié d’un arbre alors je valorise ces déchets en chauffage à distance. Cela permet de chauffer deux à trois bâtiments voisins et c’est autant de mazout de chauffage qui n’est pas brûlé. Donc en résumé, du bois régional traité sur place et qui chauffe une partie de Fleurier, peut-on faire mieux comme circuit court », s’interroge-t-il amusé. C’est parlant en tout cas !

Kevin Vaucher / Courrier du Val-de-Travers